Polyphème

Polyphème. Visionneuse diapositive, diapositive et programmation. 15 x 8 x 8 cm.

Cette visionneuse diapositive emprunte son nom au cyclope de l’Odyssée d’Homère, nom qui signifie bavard. Elle nous délivre en morse les premiers mots que Polyphème adresse à Ulysse :

« Étrangers votre nom? D’où nous arrivez-vous sur les routes des ondes ? N’êtes-vous que pirates qui vous en aller piller les côtes étrangères ? »

Le message est limité à 140 caractères, l’équivalent d’un tweet, mais nécessite une dizaine de minutes pour être entièrement transmis en morse lumineux. La triple interrogations qui est formulée renvoie à une forme de jeu dans lequel l’œuvre vient de manière concrète se placer comme système de questionnement. Cependant, privé d’une traduction le spectateur est davantage interrogatif sur les propos de cette machine qu’apte à répondre à un questionnement qu’il n’entend pas.

Enfin cette pièce constitue un réseau de liens, de passerelles, notamment entre la photographie et la figure du Cyclope, sorte de préfiguration des systèmes mono-focales. Mais il s’agit bien ici d’une hybridation entre objet technique et élément vivant qui renvoie autant à L’inquiétante étrangeté de Freud qu’au Rire de Bergson. Passerelle également entre art et sens, d’une part le langage est directement remis en jeu, mais codé, et d’autre part l’idée d’un bavardage nous amène à considérer la polysémie des productions artistiques.